Ste Catherine, la "fraîcheur" des montagnes

Publié le par O&J

Samedi 4 Juillet, sur la route de Ste Catherine

A droite la mer, bleue turquoise ; à gauche, le désert, aride.
La radio chante le Coran.
La takiff (clim) marche pas et on roule toutes fenêtres ouvertes.
Pause. Occasion de senfiler cigarettes sur cigarettes pour les (nombreux) accros.
Des travaux sur la route, le chauffeur balance trois bouteilles d'eau et des mouchoirs. "Choukran ya bacha !"
Le bus file tout droit entre la mer et le désert, dépose parfois sur la route hommes, femmes, enfants et bagages qui prennent un air très sérieux, comme s'ils remerciaient Dieu de les avoir conduit jusqu'ici.
La route est de moins en moins bonne, on saute sur les graviers en attendant que le béton soit coulé, un jour peut être Inch'allah !
Un ptit coup de klaxon quand on croise un autre bus ou alors pour s'imposer à un croisement.
On vit la route, on se met à prier toutes les divinités d'arriver entiers.
Et tout à coup, une montagne creusée par le vent, des millefeuilles de sable nous font oublier les graviers. Rien n'est plus beau et pour cela seulement, on ne regrette pas les heures de bus derrière nous.



Nous sommes arrivés au village de Ste Catherine en fin de journée et nous avons regardé les montagnes. Elles sont rouges, ocres, noires. Des grands géants nous entourent et nous protègent. Elles se découpent dans le ciel, fières et majestueuses. La lune s'est levée, pâle, comme une crèpe pas cuite entre une montagne de soleil et une montagne d'ombre. On entend les enfants dans le village qui jouent et crient ; l'imam appelle à la prière, les magasins ferment leurs devantures, le thé nous attend, chaud et sucré alors qu'un petit vent frais nous aère l'esprit.
Nous logeons dans un camp du village, chez Cheikh Sina dans une petite chambre avec deux matelas posés sur le sol. La cuisine est à notre disposition et on profite du "salon en plein air" pour manger tomates, concombres, raisins, pastèque en observant le jour qui court se cacher derrière les géants.







Le village de Ste Catherine, construit à flanc de montagne.



Dimanche 5 Juillet


19h20. Nous sommes en haut du Mont Moise. La lumière est chaude et l'air, lui, se refroidit. Sur le chemin, des dizaines de bédouins nous ont proposé un thé, un chameau, de l'eau...
Le sac plein de sacs de couchages et d'eau a été lourd à porter jusqu'ici... On ne va pas baisser les bras face au froid des montagnes du Sinai !
Le paysage est comme une mer de montagnes qui s'étend à l'infini.
De plus en plus de monde arrive mais personne n'a l'air de vouloir y passer la nuit. L'anglais résonne dans tous les coins... Qu'il serait bon qu'ils se taisent l'espace d'un instant, le temps d'écouter les montagnes. Il parait que le dimanche est le jour le moins fréquenté. Nous sommes maintenant une trentaine à assister au coucher du roi. Et il faut le mériter ! Même si beaucoup ont fait le trajet à dos de chameau, il a bien fallut gravir les dernières marches à pied et à bout de souffle. Certains en sont rouges tomates sous le sourire des bédouins qui fument tranquillement leur herbe. Les ombres dans la mer dessinent encore d'autres montagnes.











Des abris construits sous les roches.


















La mer montagne au coucher du soleil








Et au lever...





Nous n'étions plus tout seul !!



Lundi 6 Juillet. 5 heures.
Nous nous sommes levés et à la place des étoiles, le jour avait cédé la place à des centaines d'hommes et de femmes en short et épuisés de leur ascencion. Il n'était même plus possible d'atteindre le sommet !
La nuit a été froide. Nous nous sommes installés derrière l'échope de Hussein, en contre-bas pour se protéger du vent. Nous étions seuls à passer la nuit au sommet et avons loué une couverture pour deux que nous avons fini par payer 10 LE au lieu de 20. Ah, qu'il est bon de se dire habitants de Sayeda Zeinab ! "Sayeda Zeinab !?? Qoiyes !" Et tout à coup les visages s'ouvrent et les langues se délient.
Mais en haut du gebel Moussa (Mont Moise), les relations amicales sont faussées Avec les passage qu'il y a ici, comment ne pas oublier un peu son hospitalité égyptienne ?
Le ciel était plein d'étoiles cette nuit et de nombreuses ont filé devant nos yeux écarquillés et fatigués de sommeil. Au levé du roi ce jour-là, quelques 200 personnes se sont précipitées, venant de tous les coins du monde, de la Russie aux contrées lointaines d'Amérique.
Les deux français aux yeux écarquillés ont fuit la foule et quand le soleil a daigné montrer son nez, ils ont filé par le chemin du retour et se sont recouchés pour un repos bien mérité !

En fin d'après-midi, nous avons appris à Gabali (qui travaille au camp) l'art des crèpes et avons mangé tous ensemble avec des amis de Sina. Autour d'un thé la soirée a continué. Sina nous a montré son domaine et nous parle de ses projets. Nous sommes les premiers à inaugurer son nouveau camp, une annexe pour les étrangers en petits comités et surtout pour le flot des amis égyptiens venus boire le thé.





Mercredi 8 Juillet
Hier, nous sommes partis à 7 heures du matin pour une randonnée avec un guide, Suleiman, attribué par Sina.
On a grimpé la montagne surplombant le village et avons traversé les wadi (vallées), au milieu des jardins bédouins gorgés d'arbres fruitiers. Sur le chemin, des sources et des oliviers : un véritable paysage biblique !



   










Avec les mûres, on dessine sur la montagne (et on s'en met partout aussi...)












Au milieu de la roche aride, des dizaines de plantes ont élu domicile et dégagent un doux parfum. La plus prisée des bédouins est la "habac" qui sert pour le thé et qui a un parfum rappelant la menthe et le thym.


Nous nous arrêtons chez l'oncle de Suleiman qui habite avec sa famille dans la vallée, au beau milieu de nul part. Sa fille nous prépare un thé pendant que sa femme rit d'étonnement parce que nous parlons arabe et nous offre des pommes, les meilleures du monde nous promet-elle.
Avec son voile noir, elle cache sa bouche pour ne plus lire que ses yeux noirs. Mais elle néglige souvent son accessoire et laisse tomber sa main pour couper les pommes de terre. Elle demande une cigarette à Suleiman et fume discrètement en buvant son thé.
Elle nous offre ensuite un verre de lait caillé, du lait des chèvres avec qui ses deux garçons (Mohammed, 6 ans et Moussa, 10 ans) s'amusaient tout à l'heure.

Nous atteignons bientôt le sommet où se trouve la demeure d'Abbas Pacha (2304m) construite au 19ème siècle. Celui-ci ayant des problèmes respiratoires se fit construire un palais dominant le Sinai mais il mourut avant même que sa demeure ne soit terminée.

A une demi-heure du sommet, notre guide s'asseoit sur une pierre et propose de nous attendre ici, il est fatigué ! Nous le remotivons et il continue avec nous... Finalement, nous arrivons suants en haut avec une vue à 360° pour le pique nique.








Au retour, notre "guide" qui s'est déjà tapé une bonne sieste au sommet multiplie les pauses ce qui commence à nous agacer sérieusement. On s'arrète chez un de ses amis qui habite la vallée et construit une "ecolodge". Ce terme paraît très à la mode dans le coin mais ne semble pas avoir beaucoup de succès. A part les centaines de touristes venant de Dahab et Sharm el Sheick qui défilent au monastère Ste Catherine et au gebel Moussa, nous n'avons vu personne dans le village et les "ecolodges" restent désespéremment vides. Suleiman nous assure qu'il y a 6 ans, il y avait beaucoup d'étrangers qui venaient randonner dans le coin, surtout des israéliens. Aujourd'hui, il n'y a plus beaucoup de travail et pour preuve, cela fait deux ans qu'il n'a pas fait ce trajet !

Ses amis nous servent un thé et nous font admirer une jarre qui selon eux, est très ancienne et précieuse. Ils nous accueillent avec leurs sourires édentés, les dents jaunies par la cigarette et le hash qu'il fument et chikent toute la journée.
Nous pressons un peu Suleiman qui nous emmène par des chemins de plus en plus accidentés. Nous escaladons et glissons sur les grosses pierres, se demandant ce qui nous attend plus loin. Nous nous amusons de la situation jusqu'à un passage plus sévère. Il s'agit de se glisser entre deux énormes pierres et de descendre le long d'un trou de 5 mètres en trouvant des prises là où on peut. Ayant franchis tant bien que mal ce passage, d'autres obstacles s'annoncent : glissages et tobbogans, sauts et escalades de gros rochers tout lisses.
On finit la traversée du canyon sur les genoux (c'est le cas de le dire !).
Les "bustan" (jardins) au bord desquels mastiquent les dromadaires nous offrent des paysages splendides, réchauffés par les rayons du soleil couchant.




Ce matin, nous avons visité le monastère. Un monde incroyable s'y précipite mais les lieux valent le coup d'oeil.


Le monsatère, en bas du Mont Moise.



Un rejeton du fameux buisson ardent que Moise aurait vu s'enflammer sans se consumer.


Les jours passent vite et nous avons finalement bien prolongé notre passage à Ste Catherine. Nous avons prévu de partir demain mais les bus entre le village et la côte est du Sinai n'existe plus. Il faut tenter se chance au monastère et négocier avec les chauffeurs sur le parking.

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L
belles escapades au mont Sinaï.... de plus très sportive apparemment !!!
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M
hey man trop bien ton roadtrip !!!j'ai eu flo au tel, il est presque prof...enfin chacun son truc!!<br /> et y ma dit que tu devais etre presque roux du coup maintenant avec le soleil egyptien. :-)
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